Tuesday, November 22, 2005

Coca cola c'est ça !

Trente-trois centilitres.
Du pur bonheur.
Je prends la canette dans ma main. Fébrile. Cette sensation de fraîcheur si intense.
Ca m'envahit tout le bras.
Un petit frisson de plaisir.
Je n'en peux plus. J'ouvre la canette.

D'un coup, du gaz s'échappe. Elle était donc hermétiquement fermée.
Je l'approche de mes lèvres et prend une rasade.

Petit à petit, le dioxyde de carbone commence à diminuer le pH de mon milieu buccal.
Mon corps réagit aussitôt en sécrétant plus de salives.
Les phosphates qu'elle contient tente tant bien que mal de résister.
Le pH se maintien à un niveau à peu près neutre.
Puis une deuxième gorgée s'ajoute à la première.
Ma salive est vaincue.
L'acidité se répand dans toute la bouche.

Les crystaux d'hydroxyapatite qui constitue mon émail dentaire en sont tout troublés. Ils commencent à se dissoudre.
Oh, pas très vite bien sur.
Il faut dire que j'ai eu un traitement au fluor étant jeune. C'est plus résistant la fluoroapatite. Et puis ma salive fonctionne bien, pleine de calcium qui essaie de reminéraliser l'émail pendant que l'acidité l'attaque.

Mais tout ce sucre qui aggresse mes papilles gustatives !
C'est tellement bon, surtout avec tous ces arômes.
Hum, une pincée de E256. Hmmmmmm, du E295, mon préféré.

Je ne peux plus résister, je prends une gorgée de plus.
Le pH chute à un niveau critique.
L'émail est vaincu. Dans tous les micropores qui viennent de se former, des milliards de streptococcus mutans se précipitent. Tout content d'avoir trouver un peu d'anaérobiose.
Et tout ce sucre que leur a apporté mes trois gorgées !
Un vrai régal pour leur petit métabolisme.
Oh, il n'est pas bien compliqué leur métabolisme. Du sucre, et fin de piste de l'acide lactique qu'elles déversent sur l'émail, histoire de le dissoudre encore plus. Et de rameuter d'autres bactéries qui se servent de cette acide pour leur croissance. C'est qu'on collabore activement dans la bouche pour détruire ces belles dents, il ne faut pas croire.

Ahhhh, c'était si bon ces trente-trois centilitres.
De belles caries en perspective. Et pourquoi pas des pulpites ou même des abcès pendant que j'y suis ? Après tout, à 2 litres de coca par jour, j'ai aucune chance d'y échapper non?

Tout ceci me fait bien peur finalement, alors j'avale.

Hmmmmm, tout cette acidité sur les douces parois si sensibles de mon oesophage.
Il adore, vraiment.
Cette mixture d'acidité, de colorants, de conservateurs et d'arômes chimiques dont personne ne sait s'ils sont toxiques ou pas.
Bah oui, on s'en fout de le savoir, tout ce qui compte c'est de vendre non?
Une petite mutation du code génétique dans une cellule épithéliale par-ci, une autre dans le conjonctif.
Et, oooooh, quelle surprise ! Une mutation de p53 !
Quel plaisir, monsieur p53 ne fonctionne plus dans cette cellule !
Vous allez pouvoir vous multiplier n'importe comment et me faire un beau cancer dans 30 ans, d'où joie !
A force de boire des canettes de trente-trois centilitres, mon docteur aura des surprises quand il me dira de dire trente-trois.

Mais le parcours du combattant n'est pas terminé.
Lentement, ma canette de Coca descend, l'estomac puis rapidement l'intestin.
Tout ce bon sucre, pourquoi le gâcher ?
Passons le donc dans le sang et donnons au pancréas une surcharge de travail !
Un petit peu plus d'insuline monsieur le pancréas. Beaucoup plus même. Toujours plus !
Et ne craquez pas au travail hein, ça nous embêterait de devenir diabétique.
Ah mais non, suis-je bête ! Ca se traite le diabète aujourd'hui, et en plus, c'est la sécu qui paie. Génial non ?

"Et tout ce sucre, qu'est-ce qu'on va en faire" se demandent les muscles qui ne sont pas vraiment sollicités par les 12 heures derrière un bureau tous les jours.
"Et bien c'est très simple, répond le cerveau, on va en faire du gras. Allez hop, tout dans le bide !"
Et de temps en temps, on en laissera sortir un peu, histoire qu'il nous fasse de belles plaques d'athéromes. Bah oui, faut bien justifier les investissements faits dans le domaine du traitement des infarctus du myocarde et des Avc non?

Non, vraiment, on vit dans un monde merveilleux !