Saturday, July 02, 2005

Ah, le métro...

Douze stations. Une correspondance. Encore cinq stations.
J'adore le métro. Surtout quand il n'y a plus de place assise.
Debout derrière un quatuor de fauteuils. Sur l'un d'eux, la plus belle vision de la semaine. De longs cheveux blonds. De magnifiques yeux verts. Une peau claire et au teint si pur, si pur, si pur...
Je la dévore du regard, elle le constate. Et me lance un petit sourire gêné.
Je doute fort que la réponse qui a suivi était celle qu'elle espérait.
"Oh, tu suces?" Aucune réponse. "Hey sale pute, jte parle".
Encore un de ces blaireaux. Assis en face de cet ange. D'ordinaire, je n'aurais rien fait. C'est aux flics de s'occuper des plaies de la société. Pas aux médecins. Mais le temps de réfléchir, il est trop tard. Ma main gauche a glissé sur son épaule. Il sursaute et retourne sa tête. Un regard haineux qui s'accompagne d'un "T'as un problème sale fils de pute? Jvais te niquer ta mère !!!". Hurlement du bébé qui dormait tranquillement dans sa poussette derrière moi.
Le blaireau se met à hurler à l'unisson. Je n'avais jamais entendu quelqu'un avoir aussi mal.
Ma main gauche posée tranquillement sur les tendons d'insertion de son trapèze. Le pouce à l'arrière. Les autres doigts à l'avant.
L'idée qu'il puisse vouloir copuler avec ma pauvre maman a surement servi de déclic. Première fois que je me surprends à mettre autant de force dans mon bras. Je sens le pouce rejoindre l'index. Avec le tendon entre les deux. Ouh que ça doit faire mal. J'espère pour lui qu'il est droitier. Vu comme il drague, il doit souvent se servir de sa main comme substitut orgasmique. A moins qu'il ne demande l'heure régulièrement dans la rue.
Je me réveille de la bêtise que je viens de faire. Je vois déjà la vingtaine de gars comme lui qui vont se lever et me sauter dessus. Curieusement rien ne se passe. Et le pauvre type descend de la rame à la station suivante en pleurant. Inutile de lui dire quoique ce soit. Dès qu'il ira mieux, il se fera un plaisir de recommencer. A faire chier le monde.
Et moi j'ai récupéré le numéro de téléphone d'un ange.
Mis à la poubelle en rentrant. Pas assez déontologique à mon goût.
Des fois je regrette d'être médecin.
J'aurais fait un bon flic.
A demain.